Préfet et patrons la main dans la main

Publié le par CGT Ugict-CGT Nice AIR FRANCE

Retrait des badges : le préfet de Seine-Saint-Denis organise une provocation

 
 
 
Depuis un mois des dizaines de salariés de confession musulmane sont avertis de l'abrogation de leur titre d'accès en zone réservé et sont en situation de perdre très rapidement leurs emplois, sans préavis ni indemnité. Aucun fait précis ne leur a été communiqué qui puisse justifier cette décision préfectorale. On peut en déduire que ces décisions sont fondées uniquement sur des pratiques religieuses. Le préfet de Seine-Saint-Denis invoque seulement que ces salariés présenteraient un risque de « vulnérabilité ou de dangerosité »pour la plate-forme aéroportuaire, sans aucune preuve. Bien au contraire, celui-ci motive sa décision en considérant que c'est au salarié « d'apporter la preuve d'un comportement insusceptible de porter atteinte à la sûreté aéroportuaire. »
Toutes ces décisions sont donc illégales. L'absence de motivation les rend d'autant plus injustes et discriminatoires. Les pratiques du préfet sont celles mises en oeuvre dans un Etat totalitaire. Elles portent atteinte aux libertés et à l'État de droit.
Le préfet de Seine-Saint-Denis, aux ordres de Sarkozy, est-il encore un préfet de la république ?
Ces dernières années de nombreux salariés ont attaqué en justice les décisions du préfet suite au refus de délivrance de leur badge. Régulièrement celui-ci est condamné par les tribunaux administratifs pour « erreur manifeste d'appréciation » ou « excès de pouvoir ». Au fil des années, ces décisions de justice constituent une jurisprudence que le préfet se refuse toujours àappliquer. Celui-ci a même tenté de se soustraire au contrôle de la Justice Administrative sans y parvenir. Dans une décision du 10 novembre 2005, la Cour Administrative d'Appel de Versailles répond au préfet du 93 : « Il appartient au juge de l'excès de pouvoir d'exercer un contrôle normal sur l'appréciation à laquelle le préfet s'est livré sur la question de savoir si le comportement passé du requérant rendait incompatible la délivrance de l'autorisation sollicitée ».
Un préfet au service des patrons ?
Les références du préfet à la moralité sont sélectives selon qu'il s'agit de juger du comportement d'un patron ou d'un salarié. En juin 2006, l'Inspection du travail et l'URSSAF on épinglé la société CMN sur les chantiers d'ADP. Celle-ci ne déclarait pas tous ses salariés. Les dirigeants de l'entreprise n'ont pas pour autant été inquiété et ont pu continuer à exercer leur activité en zone réservée. D'autre part, l'habitude d'une trop grande promiscuité entre préfet nommé par Sarkozy et les patrons de l'aéroport fini par s'afficher au grand jour : ce sont les employeurs qui annoncent aux salariés les retraits de badges avant que la décision préfectorale ne soit notifiée aux intéressés. Curieux mélange des genres ! C'était déjà aussi le préfet qui avait réquisitionné les salariés en grève de CBS, en octobre 2005 et mis fin à la grève à la demande de l'employeur et de la compagnie Air France.
 
Le préfet poursuit-il des objectifs politiques pour le compte de Sarkozy ?
Le retrait simultané des badges à plusieurs dizaines de salariés pour leur appartenance à la religion musulmane sans élément qui confirmerait un comportement extrémiste en lien avec une organisation terroriste, n'est pas innocent.
Si le but à atteindre était celui affiché, les retraits de badge auraient été étalés dans le temps. En abrogeant le badge de plusieurs dizaines de salariés de confession musulmane en l'espace d'un mois, sans motif, le préfet a volontairement cherché à heurter la communauté musulmane sur la plateforme et bien au-delà.
Après les propos et le livre de Philippe De Villiers en avril 2006 évoquant l'existence d'une « menace islamique à l'aéroport de Roissy » et le « péril islamiste » pesant sur la plate-forme aéroportuaire, le préfet de Seine-Saint-Denis enfourche délibérément le même cheval de bataille. Nicolas Sarkozy a-t-il besoin de ce climat malsain pour s'assurer de récupérer une partie des voix d'extrême droite ?
Préfet et patronat veulent précariser tous les salariés de la plate-forme !
Ces nouvelles décisions contre des salariés basées sur leur religion, s'ajoutent à de nombreuses décisions de retrait de badges pour des motifs tout aussi éloigné de la sûreté aéroportuaire. Diviser pour mieux régner et précariser les salariés de l'aéroport est un des objectifs que se sont fixé patronat et gouvernement. Des salariés se retrouvent aujourd'hui sans habilitation et sans emploi pour des motifs sans rapport avec la sûreté aéroportuaire (conflits conjugaux, conflits de voisinage, infractions au Code de la route, impôts impayés, garde à vue sans suite, ?). Quelque soit sa nationalité ou sa religion, une injustice reste une injustice. Mais c'est tous ensemble dans l'unité que nous pourrons garantir nos libertés et défendre nos emplois.
Face aux discriminations dont sont victimes les salariés, la CGT va saisir le tribunal administratif de Cergy-Pontoise sur le cas de plusieurs salariés. L'Union Locale CGT a d'ors et déjà prévu de consulter le 10 novembre les syndicats et sections syndicales CGT de Roissy sur la construction d'une initiative d'ampleur comme réponse à la provocation du préfet et du gouvernement. Dans la légitime dénonciation de ces atteintes aux droits de l'homme bafoués par le Préfet, à l'égard des salariés de l'aéroport, toutes les initiatives pour informer et montrer que personne n'est dupe des prétextes de la sûreté aéroportuaire, sont nécessaires, et ont besoin de l'intervention la plus large possible des salariés et des organisations attachés aux libertés publiques.
De plus, une réunion intersyndicale est fixée au 7 novembre.
 
Roissy, le 20 octobre 2006

Publié dans A LA UNE

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