Un esclavagiste chez AIR FRANCE!

Publié le par CGT Ugict-CGT Nice AIR FRANCE

Article extrait du journal le COURRIER PICARD


GOUVIEUX
Prison ferme pour les esclavagistes

publicité

Le couple de cadres supérieurs qui a exploité une femme de Saint-Domingue à son domicile, de juillet à septembre, a été condamné hier à 5 et 3 mois de prison ferme.

Leurs explications n'ont pas convaincu les juges du tribunal correctionnel de Senlis. Hier, Didier Bidaut, 57 ans, a été condamné à douze mois de prison dont sept avec sursis. Sa compagne, Denise Ouslisti, 53 ans, écope pour sa part de dix mois de prison dont sept avec sursis. Le couple devra également payer chacun 1 000 € d'amende et solidairement 4 500 € de dommages et intérêts.

Tous les deux comparaissaient pour « exécution d'un travail dissimulé, emploi d'un étranger en défaut d'autorisation, rétribution inexistante du travail d'une personne vulnérable», et l'homme également pour « violences volontaires ». Face aux juges, le couple ne reconnaît pas les faits. C'est à sa demande, disent-ils, qu'ils ont ramené en France Angelita en juillet dernier. Cette Dominicaine d'une quarantaine d'années, mariée et mère de famille, avait été leur bonne pendant deux ans et demi, alors qu'ils habitaient en République Dominicaine où Didier Bidautétait le responsable d'Air France.

De 7 heures à 21 heures 7 jours sur 7

Et c'est uniquement pour lui faire découvrir l'Hexagone, Paris notamment, que le couple l'a hébergé dans sa demeure de Gouvieux. Sauf que de juillet à fin septembre, Angelita n'a jamais vu la Tour Eiffel.À Gouvieux en revanche, elle a eu tout le temps de se familiariser avec les balais, les éponges et la serpillière. La bonne commençait sa journée à 7 heures, la terminait à 21 heures, et ce, 7 jours sur 7. Elle ne recevra pour salaire que 300 € en tout et pour tout. Fin septembre, Angelita a préféré fuir et se confier aux gendarmes.

À la barre, le couple a son explication. Lui ne demandait rien, c'est Angelita qui insistait pour « aider » et faire de pareilles journées quasi bénévolement. D'ailleurs, elle devait, selon eux, repartir dans son pays sitôt son visa de tourisme expiré. Et les coups ? Angelita s'est plaint aux gendarmes de Chantilly d'avoir été frappée au moins à deux reprises par Didier Bidaut. Un médecin lui a délivré un certificat médical allant dans ce sens : elle présentait des hématomes anciens, et d'autres plus récents. Le prévenu nie farouchement avoir levé la main sur son employée de maison.

Ces explications ont particulièrement agacé le président du tribunal. Les juges sont allés au-delà des réquisitions du parquet qui réclamait 12 mois de prison à l'encontre de Didier Bidaut, et 10 mois avec sursis contre sa campagne.

Hier, Sophia Lakhdar, directrice du comité contre l'esclavage moderne (qui avait pris en charge Angelita avant son retour dans son pays), s'est félicitée du jugement. L'avocat du couple indiquait de son côté qu'il réfléchissait à faire appel.

G.L.

 

Publié dans REVUE DE PRESSE

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article